Dopage d'Anthony West : les explications

23/12/2013 09:00 Marc Seriau 4
C'est dans une interview, en apparence assez franche, accordée au site Crash.net qu'Anthony West revient sur la sanction qu'il a reçue pour dopage, suite à un contrôle positif de ses urines lors du Grand Prix de France 2012 au Mans.
Il nous éclaire en particulier sur la lutte d'autorité entre la FIM et l'AMA (Agence Mondiale Antidopage) en expliquant que cette dernière a voulu faire un exemple dans le sport motocycliste alors que la Fédération Internationale de Motocyclisme avait jugé le délit à sa juste valeur, c'est à dire très modérée, même si l'infraction était bien réelle.
Le pilote australien nous explique, entre autre, que, devant être sur place à 5 heures du matin, il avait alors consommé "une boisson énergétique en poudre appelée Mesomorph que vous mélangez avec de l'eau et, à l'époque où je l'ai achetée  , beaucoup de footballeurs australiens en prenaient également. J'étais allé m'entraîner avec ma sœur qui est dans l'armée et comme j'étais tellement fatigué par la saison de course, elle m'a suggéré d'essayer un peu pour me tenir éveillé. Je n'étais pas vraiment inquiet parce que de nombreux footballeurs l'utilisaient et vous pouviez en obtenir dans n'importe quel supermarché. Apparemment, selon les règles, il était légal de le boire en 2011, mais elles ont changé en 2012 pour l'interdire (ndlr: faux. Le produit est interdit depuis 2010). Je n'ai vraiment pas eu de chance parce que je n'en buvais habituellement seulement qu'en dehors de la saison, lors des entraînements, mais il en restait dans mon sac quand je suis arrivé en Europe. Au Mans c'était une mauvaise journée, notre hôtel était loin de la piste et nous devions être là à 5h du matin donc j'ai pris un peu de cette boisson là, juste pour tenir durant le Warm Up avant le petit déjeuner. J'ai effectivement pris une très petite quantité.  Pour moi, c'est exactement comme si vous preniez un expresso, il vous réveille tout simplement. Il y avait apparemment un ingrédient dans la boisson qui n'était pas écrit sur ​​l'emballage, et qui n'était pas autorisé. 
C'était étrange parce que quand la FIM l'a découvert, un mois après Le Mans, ils m'ont posé des questions sur cet ingrédient et je ne savais pas de quoi il s'agissait, mais je leur a dit que je me servais de cette boisson. Ils semblaient penser que la concentration était si petite que ce ne semblait pas être un gros problème."
Selon le communiqué de la FIM, le produit incriminé est la méthylhexanéamine. On l'appelle plus communément DMAA.
Le produit pris par Anthony West est aujourd'hui offert dans une nouvelle version, conforme à la législation, selon les sites qui le vendent.
A l'époque, "peu après" le changement de réglementation, ce n'était sans doute pas le cas et le pilote australien s'est apparemment fait piéger par les délais législation-fabrication-vente-consommation.
A noter toutefois que certains pays, comme le Canada, avaient pris soin d'informer leurs athlètes dès le changement de législation. Etait-ce également le cas en Australie? Apparemment, oui.
Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une infraction assez bénigne et d'une bonne foi probablement non-mise en doute; à cet égard, la réquisition de l'AMA pourrait en effet paraître disproportionnée, d'autant qu'on est vraiment très très loin des poches de sang des cyclistes...
Heureusement, le jugement rendu par le Tribunal Arbitral du Sport clôt cette affaire avec mesure.
Anthony West va maintenant pouvoir avoir l'esprit libre pour se confronter à ses adversaires et c'est bien tout le mal qu'on lui souhaite.