Un vent nouveau souffle sur les Mistral de l'équipe Tech3

21-04-2014 17:45 ExclusifGilles Della Posta 1
Au moment de boucler ses bagages pour l’Argentine, les membres de l’équipe Tech3 ont de nouveau le moral. Les mauvais souvenirs des inondations hivernales et du terrible accident fin février d’Alex Marinelarena s’éloignent lentement. Alors que le pilote espagnol poursuit sa convalescence, l’équipe Varoise est parvenue à placer au Texas ses 2 machines dans le top 10, ce qui ne lui était arrivé qu’à 2 reprises depuis les débuts de la catégorie Moto2.  Avec Marcel Schrotter et Ricard Cardus remplaçant son compatriote, les hommes d’Hervé Poncharal ont trouvé un effectif homogène et les résultats n’ont pas tardé à se montrer très encourageants. Le patron de l’équipe française s’est confié à nous avant de se tourner vers la 3^ème épreuve de la saison.
GP-Inside : Après un hiver très difficile, le résultat du Texas est un bon signe pour l’équipe Moto2 ?
Hervé Poncharal : « Sincèrement, après l’accident d’Alex Marinelarena, on n’était vraiment pas bien. Et puis, dès le Qatar, nous aurions pu avoir les 2 motos dans les points… Finalement on a mis les 2 machines dans le Top 10 au Texas. C’est d’autant plus intéressant c’est le meilleur résultat de Cardus, qui a pourtant roulé dans de nombreuses équipes, et aussi le meilleur résultat dans la catégorie de Marcel Schrotter. Sans oublier nos 2 motos dans le top 6 en MotoGP, on a passé un très bon week-end ! ».
GP-Inside : Est-ce pour toi l’indicateur d’une progression significative ou juste un résultat parmi d’autres ?
Hervé Poncharal : « Pour moi c’est un résultat parmi d’autres mais ça remet quand même un certain nombre de choses à leur place. J’ai notamment beaucoup apprécié ce qu’a déclaré Lucas Mahias dans vos colonnes il y a quelques semaines (voir ici) concernant la Mistral. Une Kalex, une Suter, une Mistral, une Speed-Up, tous les types de châssis engagés en Moto2 se valent. La preuve, on a des pilotes qui font dernier avec des Kalex… Je veux bien croire que notre châssis a des particularités, Ricky (Cardus) nous dit d’ailleurs régulièrement qu’il peut rentrer très fort dans les virages, et il a peut-être des inconvénients dans d’autres domaines. Mais dans l’ensemble, toutes les machines se valent.  Cette année, nous avons chez nous deux pilotes qui en veulent, qui travaillent beaucoup, qui ne se cherchent pas d’excuses quand les chronos sont moins bons, mais il est trop tôt pour parler de progression. Pour tout dire, je pense quand même que la Mistral 2014 est plus performante que celle de 2013. On a aussi une stabilité au niveau de l’équipe technique avec Nicolas Reynier et Florian Chiffoleau aux manettes, tout le monde est ultra-motivé et les pilotes qui donnent tout en piste ».
GP-Inside : Guy Coulon nous a dit que les 2 pilotes actuels travaillent en étroite collaboration, est-ce que les résultats du Qatar et du Texas peuvent venir de là ?
Hervé Poncharal : « Oui bien sûr. A une certaine période, lorsque nous avions Naoya Kaneko et Tom Jojic (respectivement chef-mécaniciens de Xavier Simeon et de Bradley Smith), nous avions parfois le sentiment d’avoir perdu le control des évènements. Aujourd’hui, Nicolas et Florian travaillent à temps plein chez nous. Entre les Grand-Prix, ils passent toute la semaine dans nos ateliers, donc ils connaissent le matériel sur le bout des doigts et collaborent 100% de leur temps pour le bien de l’équipe. Et le point le plus important, c’est que les pilotes jouent aussi le jeu à fond. On a de nouveau un groupe soudé qui travaille en toute cohérence et ça change beaucoup de choses. Par ailleurs, on  nous a souvent reproché notre vitesse de pointe, or au Texas, Ricard et Marcel sont tous les 2 classés dans les 3 meilleures vitesses de pointes. Pourtant nous n’avons pas révolutionné l’aérodynamique de notre machine entre les modèles 2013 et 2014 ».
GP-Inside : On sait que Cardus est venu pour remplacer Marinelarena pour le Qatar, puis il a été « prolongé » pour le Texas et l’Argentine, qu’en est-il de son avenir chez Tech3 ?
Hervé Poncharal : « J’avais entendu des choses pas très sympathiques à son égard… (Hervé Poncharal fait référence au fait que Ricard Cardus étant un ami proche de Jorge Lorenzo, l’espagnol est régulièrement « accusé » de rouler grâce à ses relations avec le double champion du monde, NDLR). Sincèrement, avec lui, j’ai fait la connaissance d’un garçon adorable, d’une gentillesse incroyable. Et surtout, il est motivé comme un jeune de 17 ans (Cardus a 26 ans, NDLR), il croit énormément en ses chances de faire de grandes choses avec notre moto et se donne toutes les chances pour y parvenir. Un exemple récent permet de situer son implication : jusqu’au Texas, il utilisait une combinaison standard, mais elle le gênait en fin de course… Jeudi dernier, il a fait un aller-retour de Barcelone à Macon chez Ixon pour faire une combinaison sur mesures. Face aux résultats qu’il obtient et à cette implication, il est évident que je le garde jusqu’au retour d’Alex Marinelarena. Pour moi, cette rencontre est une révélation, c’est un super bonhomme, il m’étonne vraiment ! Et pour moi, l’aspect humain est très important, voire primordial ».
GP-Inside : Après ce double top 10, tu as fixé de nouveaux objectifs à tes pilotes ?
Hervé Poncharal : « Non, c’est tellement compliqué en Moto2 que c’est impossible de fixer des objectifs. Dans cette catégorie, on a vu Terol gagner un Grand-Prix et finir hors des points lors de la course suivante. Pour moi, c’est la catégorie la plus difficile. J’ai une confiance totale en Marcel et Ricky, je sais qu’ils se donnent à 110%, je sais que l’équipe fait tout ce qui est en ses moyens pour leur permettre d’atteindre les meilleurs résultats possibles, donc je préfère les laisser travailler. Leur donner un objectif serait inutile je crois ».
Gilles Della Posta